mercredi 5 août 2009

L'ère victorienne vue à travers le prisme de l'histoire criminelle

En Angleterre, les assassins, les voleurs, les pervers ou les sadiques seraient-ils plus excessifs qu'ailleurs ? La mise en ligne sur Internet, depuis lundi 3 août, des détails de 1,4 million de procès criminels anglais et gallois, qui se sont tenus entre 1791 et 1892, met en lumière leurs méfaits. En dévoilant les détails des crimes jugés, le nom des accusés, leur âge, le lieu du procès ainsi que le verdict, cette initiative du site britannique ancestry.co.uk, spécialisé dans la généalogie, et du Service national des archives permet de survoler le monde étrange, fascinant, cauchemardesque de la justice, en particulier à l'ère victorienne. Avec 60 fils de dépêches thématiques, suivez l'information en continu Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offerts Sur le même sujet

Le bazar des faits divers de l'époque était tout aussi achalandé qu'aujourd'hui. Les documents concernent 900 000 condamnations à des peines de prison, 97 000 déportations dans les colonies et 10 300 exécutions par pendaison.

Les abonnés au site ont ainsi accès au dossier de Roderick Maclean, l'auteur de la tentative avortée d'assassinat de la reine Victoria, le 2 mars 1882, à Windsor, qui fut enfermé à vie dans un asile d'aliénés. Les amateurs de Dickens découvriront l'escroc Isaac Solomon, condamné à la déportation dans les colonies en 1830, qui aurait inspiré le personnage de Fagin dans Oliver Twist. Les passionnés de Jack l'Eventreur, ce meurtrier hors du commun qui avait sauvagement assassiné cinq prostituées à Londres en 1888, peuvent lire les détails du procès de Thomas Neil Cream, condamné à la pendaison en 1892 pour avoir empoisonné plusieurs personnes. Le médecin avait affirmé sur la potence être le fameux tueur en série de l'East End londonien, bien qu'il ait été en prison quand certains des crimes avaient eu lieu.

A l'époque, les juges à perruque avaient la main lourde, en particulier en ce qui concerne la petite délinquance. En 1791, une femme de 63 ans, Sarah Douglas, a écopé d'une peine de déportation en Australie pour avoir volé une nappe. Mary Wilton, 65 ans, a eu droit à une condamnation similaire pour avoir subtilisé un bébé. Et le bourreau ne chômait pas. Tout vol supérieur à 5 shillings (35 euros aujourd'hui), le braconnage de lapin de garenne, l'abattage d'arbre, mais aussi le fait d'avoir noirci son visage étaient punis de la peine capitale.

"Dislocations sociales"

La réforme pénale des années 1850 avait toutefois atténué la sévérité de la justice. Ainsi, en 1874, un certain John William Aylward avait été condamné à quatorze ans de prison pour avoir eu une relation sexuelle avec une mineure ; "une peine similaire à ce qu'il recevrait aujourd'hui", note le Times.

En filigrane se dessine la misère avilissante de la classe ouvrière qui avait poussé Marx à appeler le prolétariat à la lutte des classes lors de son séjour londonien. "Les autorités étaient conscientes de l'effet sur la criminalité des dislocations sociales provoquées par la poussée démographique, l'urbanisation et la révolution industrielle. D'où la nécessité de collecter des données précises sur la délinquance", souligne Paul Carter, chargé du projet aux archives nationales. Les famines irlandaises, l'exode rural, le besoin d'une main-d'oeuvre bon marché et la précarité avaient entraîné un taux vertigineux de prostitution, de vols, de crimes.

LeMonde.fr

La blogosphère marocaine réagit à l'interdiection

La blogosphère marocaine n'a pas tardé à réagir à la censure du dernier numéro de la revue Tel Quel et de sa version arabe Nichane. Le journal marocain avait l'intention de publier, en partenariat avec le quotidien français Le Monde, un sondage concernant l'opinion des Marocains sur leur roi, Mohammed VI, dont sont célébrés cette année les dix ans de règne. Mais le ministère de l'Intérieur marocain a décidé que cette initiative inédite enfregnait "les dispositions légales en vigueur" et a décidé de saisir tous les exemplaires des deux journaux  [100 000 au total] et de les détruire, sans attendre une éventuelle décision de justice. L'édition du 4 août du quotidien Le Monde a également été interdite.

Les résultats du sondage étaient pourtant globalement favorables au souverain marocain, 91 % des sondés jugeant son bilan de manière positive. Par pied de nez, les blogueurs ont donc lancé sur la toile le "mouvement des 9%", symbolisant ainsi ceux qui désapprouvent l'action du roi. Le blogueur Mounir affirme "nous sommes 9 % et nous pourrions être plus. La saisie par les autorités marocaines des publications de Nichane et Tel-Quel est un acte moyenageux. Cette saisie coincide avec le 10ème anniversaire de la nouvelle ère et rappelle les interminables procès de liberté d?expression. [C'est une attaque] envers toute une franche de population ayant choisi de manifester le désir d?aller vers la modernité."

Dans une note, Ibn Kafka, juriste, s'insurge qu'il "existe au Maroc une autorité constitutionnelle ayant une suprématie tant sur l'exécutif qu?indirectement sur le législatif et le judiciaire, dont les actes juridiques ne peuvent en aucun être attaqués devant les tribunaux marocains, qui assure la commanderie des croyants (musulmans), et dont le bilan ne peut faire l?objet d?aucune appréciation ou débat publics. On ne pouvait imaginer démenti plus catégorique de l?avalanche de louanges ayant déferlé pour saluer les dix années de règne du Roi Mohammed VI."

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Sur le blog 'comme une bouteille jetée à la mer', Larbi publie une note au ton ironique. "Mais qui est donc ce Monsieur-neuf-pour-cent ? Les neuf-pour-cent sont des Marocains comme les autres, comme n?importe quel 91pct , ils ont juste des appréciations différentes. Oui ils n?entrent pas dans les normes que la société impose, et après où est le problème ? Pour peu qu?on ait une petite ouverture d?esprit, on les accepterait comme ils sont. Comme souvent quand il s?agit de parler d?un neuf-pour-cent , c?est la foire aux clichés et stéréotypes. Non un neuf-pour-cent, n?est pas forcément républicain, d?ailleurs la majorité des neuf-pour-cent que je connais sont monarchistes sauf qu?ils préfèrent la monarchie parlementaire à la monarchie absolue. Depuis quand être un neuf-pour-cent est un crime ou au mieux un défaut de fabrication ?" Il conclue en affirmant que "le neuf-pour-cent est une espèce née un certain samedi premier août 2009 par le hasard de l?actualité et l?absurdité d?une banale censure".

Le groupe de presse TelQuel a déposé une plainte auprès du tribunal administratif de Casablanca pour demander "l'annulation de la décision de saisie appliquée par le ministère de l'Intérieur". Le ministère des Affaires étrangères français s'est dit pour sa part "surpris par cette mesure" des autorités marocaines.

Hamdam M.

* Le N°975 de Courrier international a été interdit à la vente au Maroc le 16 juillet, notamment en raison d'un article repris du magazine marocain, le Journal Hebdomadaire, "Mohammed Vi, un roi en or massif".

D'après le [Blog des blogs : CourrierInternational.com]

TelQuel - Nichane - Le Monde retirés des Kiosques au Maroc

L'édition du Monde daté mardi 4 août a été censurée au Maroc. La non-distribution du quotidien dans le royaume a été confirmée, mardi matin, par la société en charge de la distribution, la Sochepresse. Au cours du week-end, les autorités marocaines avaient informé celle-ci que Le Monde serait censuré dès lors qu'il publierait les résultats d'un sondage d'opinion sur le bilan des dix années de règne du roi Mohammed VI.

Pour avoir rendu compte de ce sondage réalisé en partenariat avec Le Monde - et largement positif pour le fils de feu Hassan II -, l'hebdomadaire marocain TelQuel et sa version en arabe Nichane avaient été saisis samedi 1er août. La monarchie "ne peut faire l'objet d'un débat, même par voie de sondage", devait expliquer le ministre de la communication, Khalid Naciri.